Saturday 7 August 2021

Le droit de chaque groupe ethnique à disposer de lui-même : la pierre angulaire de la « rwandité » véritable !*

Une ethnicité est une confédération de familles aux histoires diverses. Elle n’est pas quantifiable. Elle ne peut ni être pesée à la balance ni faire l'objet d'un titrage analytique en laboratoire. Au contraire, comme le fait d'être droitier [ou non] ou le fait d'être gaucher [ou non], l’ethnicité est une variable qualitative nominale qui ne peut prendre que des valeurs discrètes de type binaire. Soit on l’est, soit on ne l'est pas. Lorsqu’on l’est, on l’est au même pied d'égalité.

L’idée selon laquelle l’ethnicité des Rwandais nés de pères et de mères aux ethnicités différentes pourrait être définie comme étant un état intermédiaire entre l’ethnicité du père et celle de la mère, une sorte de mélange des deux ethnicités, est à la fois erronée et discriminatoire. Au contraire, elle pourrait être décrite comme étant une composante de l’une et/ou l’autre ethnicité, de la même manière que les Rwandais nés de parents aux nationalités différentes dont au moins un d’eux est Rwandais ont entièrement droit à la « rwandité ». Que l'on soit né d'un père et d'une mère aux mêmes ethnicités ou pas, le choix d'assumer l’une et/ou l'autre ethnicité/nationalité ou de s'en foutre est individuel. Une fois ce choix fait, l'individu peut décider d'adhérer au contrat social de son groupe ethnique/de son pays, c’est-à-dire adopter l’identité en question comme ethnicité/nationalité politique [nécessaire pour acquérir en plus l'ethnicité/nationalité de jure], ou de s'en distancier [et se contenter de la jouissance de l'ethnicité/la nationalité de facto] ou de s'associer avec d'autres personnes en vue de la constitution d'un autre groupe/d'une autre nation.

Par ailleurs, habiter dans une région donnée n'affecte en rien son ethnicité. Il est donc erroné de dire que bahutu ''banyenduga'' sont ''plus'' hutus que bahutu ''bakiga'' comme il est incorrect de dire que tel hutu est moins/plus hutu qu’un autre hutu. De la même manière, contrairement à ce que les suprématistes laissent souvent entendre, le comportement d'un individu —par exemple le fait qu’une personne ait collaboré [ou ait vécu] avec des personnes appartenant à d'autres groupes ethniques— ne peut ni lui arracher son ethnicité ni la rendre changeante. Le ''kwihutura'' ou le ''kwitutsura'' ou le ''kwitwatura'' n'existe qu'en théorie. Ceux qui ont un jour essayé de se défaire de leur ''hutuité'', de leur ''tutsiité'' ou de leur 'twaïté'' le savent bien. Ils n'y sont jamais parvenus, malgré les efforts et sacrifices qu'ils avaient dû consentir pour tenter d'y arriver. En fait, une fois hutu, tutsi ou twa, on le reste toute sa vie, même après que l'on eût publiquement renié sa ''hutuité'', sa ''tutsiité'' ou sa ''twaïté''.

Comme esquissé plus haut, chaque ethnicité étant en réalité une « confédération » de nombreuses familles et groupes aux histoires diverses (du sud/du nord, rurales/citadines, homogames/hétérogames, élargies/pas élargies, riches/pauvres…) et dont les membres sont unis à des degrés divers par les liens du « sang », du « mariage » et de l’« adoption », il est insensé de chercher à la définir par son « morphotype » présumé. Il en découle que les idéologies basées sur la question de « combien d’entre eux ressemblent-ils à tel candidat ?» sont sans fondement. D’autre part, il s’en suit que, l’unité véritable et l’harmonie supra-ethnique se construisant non pas par uniformisation du discours politique, mais par accommodement de la divergence des idées et la diversité des expériences collectives et personnelles, la durabilité de la « rwandité » dépendra de la réussite des « leaders » de demain à la faire cohabiter avec ses composantes que sont nos ethnicités.

Pour cela, le droit pour chaque groupe [qu'il existe déjà ou qu'il se forme ou se réorganise dans l'avenir] à s'autodéterminer légitimement et à suivre le choix de la majorité de ses membres, devrait être la pierre angulaire de la « rwandité » équitable, bâtie sur la mutualité et la coopération entre groupes, à travers la mise en place d’un fédéralisme ethnique de type non-territorial et la formation de cartels populaires (voie référendaire) et/ou de coalitions entre leurs élus respectifs (voie représentative). Administrativement, l’identification d’un groupe ethnique par sa dénomination et par sa démographie est à la fois réaliste et suffisante pour répondre à la question de « combien d’entre nous ont-ils voté pour cette personne [pour qu'elle puisse être déclarée porte-parole/représentante de notre groupe] ?».

De cette volonté à définir nos identités non pas par des « morphotypes » présumés, mais plutôt par leurs histoires communes et, surtout, par la recherche de compromis en vue de la reconnaissance du droit de chaque communauté ethnique à disposer d’elle-même, dépend la perspective d’une « rwandité » véritable, celle que le parti Democratic Alliance a entrepris de bâtir.1


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1Pour plus d'informations concernant le projet de société de l'Alliance, ses statuts ou ses publications, contacter le cabinet du Président via messenger, par téléphone (GSM: +32 465 33 71 14) ou par mail (e-mail : seburanga@yahoo.fr).

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*La presque totalité du contenu de cet article provient d’un message publié sur facebook en decembre 2020, lui-même basé sur un article intitulé « s’acharner contre nos identités, c’est détruire notre « rwandité »! » également publié sur facebook en août 2020.

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